Nourrir le Monde
ou faire vivre « son monde » ?
APPEL POUR UNE
AGRICULTURE RESPECTUEUSE
Interpellés
par la multiplication dans la presse d'appels au secours de
« petits » exploitants agricoles, nous, consommateurs, acteurs
économiques et sociaux, habitants des campagnes et rivages du Pays bigouden
jusqu'à Douarnenez, souhaitons poser la question suivante :
Plutôt
que s'embourber toujours plus dans la défense d'un modèle de production
polluant, qui privilégie la quantité sur la qualité, qui a largement fait la
preuve de son rôle néfaste pour l'environnement et pour la société (exploitants
compris, ici et en Afrique), le moment n'est-il pas venu pour les agriculteurs
de bonne volonté, de rejoindre des filières biologiques en circuit-court à
haute valeur ajoutée et pourvoyeuses d'Emploi qui seraient pleinement soutenues
par les pouvoirs publics ?
Nous
voulons dire ici combien nous trouvons choquant qu'une poignée de barons de
l'industrie chimique et de l'agro-alimentaire, demeurent en capacité d'imposer
leur loi et de maintenir en quasi-servage une majorité d'agriculteurs réduits à
des salaires indécents en contrepartie d'heures de travail harassantes, de
contaminations aux pesticides, et de nombreux suicides.
Nous
sommes consternés de constater, crise après crise, combien ce sont toujours les
mêmes qui prospèrent et combien sont toujours grosse les ficelles de la course
à l'agrandissement, au rendement sous injonction de nourrir le Monde, et de la
robotisation à outrance au motif d'améliorer la qualité de vie des
exploitants ; autrement dit, la course à l'échalote de
l'endettement perpétuel, à l'exact inverse de ce que jadis on appelait
« le bon sens paysan » !
C'est
avec un profond respect et beaucoup de bienveillance pour ce qui constitue
probablement à l'origine le plus beau métier qui soit, que nous lançons donc
cet appel à un véritable pacte de confiance et de solidarité entre élus,
consommateurs, et paysans ayant le courage de dire « Stop ! » à
un système industriel chimique et mortifère.
Nous
sommes conscients qu'il y aurait péril à ne pas renouer rapidement le dialogue
avec les agriculteurs qui craignent encore de franchir le pas. Tout comme il y
a nécessité à rétablir au plus vite ceux qui nous nourrissent tout à la fois,
dans des savoir-faire dont ils ont été dépossédés, dans des revenus décents, et
au final, dans le respect qui devrait leur être dû depuis la nuit des temps.
Il
est simplement question ici de l'urgence de sortir d'un système du mépris
(...des hommes, des plantes, des animaux, des paysages, des sols et des eaux)
et de renouer avec une culture (agri-culture) du respect de tout ce qui
vit ; à
portée de main comme à l'autre bout du Monde, où il y a fort à parier que les
marchés d'Abidjan n'ont rien à gagner d'un raz-de-marée subventionné de poulets
surgelés bas-de-gamme...
Plutôt
que d'enrichir toujours plus des transnationales et des financiers, l'impératif
vital de permettre à nouveau au paysan de faire vivre sa famille, ses employés,
mieux respecter ses haies, ses plantes, ses sols, ses ruisseaux, ses bêtes, son
voisinage, sa santé ; bref, respecter et faire vivre « son
monde » dans la sérénité !
Collectif
“Alerte à l'Ouest“
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