samedi 1 décembre 2012

Débat : comment agir ici contre l'aéroport de Notre Dame des Landes

Débat : Comment agir ici contre l'aéroport

Vendredi 7 décembre 2012 - 20h30 Cinéma Le Goyen Audierne
avec Marcel Thébault, agriculteur à Notre-Dame-des-Landes, et Thérèse Leparoux, élue (SE) à Treillières (44)

Projection de deux films : 
Notre Dame des Landes, au coeur de la lutte, de Christophe Kergosien et Pierrick Morin,
Voir ou revoir le film "au coeur de la lutte"
Notre Dame des Landes, opération César, de Johann Rousselot
Voir ou revoir le film "opération César"


Présentation du film "Au coeur de la lutte": Construire un aéroport transatlantique taillé sur mesure pour le Concorde, à 27 kms au nord de la rocade de Nantes, à Notre-Dame des Landes ! Oublié un temps, ce vieux projet qui remonte aux Trente Glorieuses renaît de ses cendres à la fin des années 90 sous la houlette de Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes. Les paysans conduisent la « révolte » contre ce projet qui mangera 2 000 ha de terres, soit en une opération l’équivalent des terres agricoles qui disparaissent chaque année en Loire-Atlantique.
Julien Durand, Michel Tarin, Sylvain et Brigitte Fresneau, Marcel et Sylvie Thébault nous racontent leur lutte au quotidien contre un projet jugé coûteux et inutile, écologiquement irresponsable. Ils sont rejoints par Hervé Thébaud et Françoise Verchère, respectivement pilote de ligne et élue, également farouchement opposés au déménagement de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique.

Plus qu’une simple opposition, cette lutte révèle les questionnements de citoyens engagés sur les motivations réelles de ce projet. C’est au fil de la lutte un apprentissage de la démocratie et une véritable alternative de société qui se dessine, le projet aéroportuaire devenant le symbole d’une société dispendieuse tournée vers le passé.
Le projet est aujourd’hui dans sa phase pré-opérationnelle, les démarches d’expropriations sont en cours, la tension à son comble mais Julien, Michel, Sylvain, Brigitte, Marcel, Sylvie ne lâcheront rien car ils sont persuadés que la victoire les attend au bout de cette lutte emblématique. Comme des milliers d’autres, rejoignez-les !
"Ils pourront bien casser, raser, incendier, expulser, la détermination fera tout repousser"

HISTORIQUE ET ARGUMENTS
 Présentation générale
Près de Nantes, à Notre Dame des Landes, un projet d'aéroport gigantesque menace 2000 hectares de terres agricoles bocagères d'une biodiversité exceptionnelle. Le projet date des années 60. L'aéroport devait initialement voir le jour en 1985, pour le Concorde. Et si la résistance au projet a commencé tout de suite, le projet, lui, semble avoir été oublié...Même si, en 1974, un décret de ZAD (Zone d’Aménagement Différé) est signé.Le projet est relancé en 2000. À la demande des associations, un débat public est organisé en 2003, qui prouve la non-saturation de Nantes-Atlantique, l'aéroport actuel (piste utilisée au tiers de sa capacité), mais l’État décide de continuer les études sur ce projet.
Du 18 octobre au 30 novembre 2006, le projet est soumis à enquête publique. En Avril 2007, la commission d’enquête, à la majorité de sept voix sur cinq, donne un avis favorable assorti de quatre réserves et de quatre recommandations. Elle souligne toutefois «un lourd tribut pour l’environnement, un lourd tribut pour l’agriculture» et qualifie même ce projet de «pari sur l’avenir » !
Depuis 2009, de nouveaux habitants sont venus s'installer sur la ZAD, qui de Zone d'Aménagement Différée s'est transformée en Zone À Défendre, pour y expérimenter d'autres façon de vivre ensemble.
Aujourd'hui, alors qu'il n'y a aucun problème de saturation ni de sécurité à Nantes-Atlantique et que le contexte ne favorise pas la croissance du secteur aérien, l'État, avec l'appui des élus locaux et régi
onaux (PS et UMP main dans la main sur ce dossier), a attribué la  construction et la concession pour 55 ans de cet aéroport au groupe VINCI. 360 millions d'euros minimum d'investissement public y seraient  engloutis. Paradoxalement, le besoin de cette nouvelle construction n'est en rien avéré et aucune alternative ni optimisation de la plateforme existante n'ont été étudiées... Ce projet d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, vieux de près de 40 ans, a été conçu pendant la période des «Trente Glorieuses », influencée par une croissance forte et propice aux aménagements surdimensionnés. Les faits ont démenti les prévisions établies dans les décennies d’optimisme, si bien que le projet Notre-Dame-des-Landes - longtemps oublié - n’est réapparu que par l’entêtement de ses promoteurs.
Malgré une forte opposition et les démonstrations de l'aberration de ce projet, les études environnementales, archéologiques etc... avancent  avec un important déploiement de forces de l'ordre et une violence policière croissante.
Plus de 40 associations et mouvements politiques forment aujourd'hui la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport. Cette coordination comprend notamment des agriculteurs et des habitants des villages concernés par le projet, près d'un millier d'élus réunis en collectif depuis juin 2009, des pilotes de l'actuel aéroport (collectif des pilotes opposé à la construction d'un nouvel aéroport sur le site de Notre-Dame des Landes)
Principaux arguments des promoteurs du projet :
Ils portent essentiellement sur la critique de l'aéroport actuel.
Nantes-Atlantique présenterait
- un problème d'insécurité
- un problème de nuisances pour les habitants des zones survolées
- un problème de saturation
Principaux arguments des opposants :
Le projet est aberrant du point de vue écologique :
1) il détruirait une zone humide et bocagère à la biodiversité très riche :
Il s'agit d'une des dernières zones de bocage du département, favorables à la présence d’une faune diversifiée. Les milieux humides et aquatiques du site (landes atlantiques, prairies humides, mares oligotrophes à mésotrophes, ruisseaux), abritent des espèces protégées au niveau national ou régional : Flûteau nageant, Scirpe cespiteux, Piment royal, Gentiane pneumonanthe, Pédiculaire des marais…
Par ailleurs, ces milieux humides hébergent également plusieurs espèces d’insectes remarquables : Damier de la succise, Agrion de Mercure.
Sont présentes aussi des populations d’amphibiens (Rainette arboricole, Triton marbré, Triton crêté), grâce à un réseau très important de mares (environ 200).
2) il aurait pour conséquence directe plus de béton ! moins de terres agricoles ! (construction de l'aéroport mais aussi de tout ce qui serait construit aux abords de l'aéroport : nouvelles liaisons ferroviaires et routières pour accéder au nouvel aéroport)
3) il émane de la volonté de développement d'un transport particulièrement polluant et générateur de gaz à effets de serre, au lieu de chercher à les diviser par cinq comme il avait été promis et comme il est indispensable...
Le projet était pourtant condamné par le Grenelle de l’Environnement (fin 2007) : «Nous n’augmenterons pas de manière significative les capacités aéroportuaires en France…» (J.-L. Borloo). Tout est, sans doute, dans le "de manière significative"...La loi Grenelle 1 prétendait "lutter contre la régression des surfaces agricoles et naturelles, contre l’étalement urbain, assurer une gestion économe des ressources et de l’espace. "
Quid des applications concrètes du Grenelle de l’Environnement ?
Le projet est destructeur sur le plan social et humain :
- expropriation des habitants d'une cinquantaine d'exploitations agricoles
- disparition pure et simple des lieux de vie et des villages où sont nés et où ont vécus les gens de cette région (ces villages seront rasés)
- une centaine d’emplois agricoles directs détruits et plusieurs centaines indirectement (salariés de coopératives, entrepreneurs de travaux agricoles, filières de collectes, réseaux d’entraide, vétérinaires…). En Loire Atlantique, 16,5% des terres sont déjà artificialisées et l’artificialisation y progresse beaucoup plus vite que la moyenne nationale. La perte de terres agricoles aux portes de Nantes compromettrait l’avenir d’une agriculture de proximité qui répond à une forte attente.
Concernant les critiques portées à l'aéroport "Nantes Atlantique" :
Il n'y a pas de problème d'insécurité à Nantes Atlantique :
Et ce sont les pilotes qui le disent ! Les aéroports français sont classés en trois catégories par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) : de A à C (du moins dangereux au plus dangereux). Nantes Atlantique est classé en catégorie A, celle des moins dangereux, comme la majorité des aéroports français.
Sur le problème du survol de Nantes :
le survol des villes par les avions est la règle et non pas l'exception. Pourtant, il n'y a apparemment que le survol de Nantes qui gêne le gouvernement.
Tout n'est d'ailleurs pas fait pour limiter les nuisances causées aux habitants des zones survolées. En effet, l’approche et l’atterrissage peuvent se faire actuellement soit par le Nord soit par le Sud. L’approche et l’atterrissage par le Nord (celui qui implique le survol de la ville de Nantes) est, à l'heure actuelle, obligatoire lorsque le vent est supérieur à 10 nœuds. Ce sont les contrôleurs aériens qui décident s'il faut atterrir par le Sud ou par le Nord. Or, les pilotes s’étonnent régulièrement qu’on leur fasse prendre l’arrivée par le Nord alors même que les conditions de vent, notamment, permettraient une arrivée par le Sud, moins pénalisante pour les populations. Curieux, non ? Serait-ce pour continuer à faire valoir l’importance du transfert à Notre-Dame-des-Landes ?
Les opposants proposent aussi :
- l’aide à l'insonorisation des logements pour les riverains de l’aéroport Nantes-Atlantique
- l’interdiction des vols de nuit (réclamée depuis longtemps, mais en vain, par les riverains)
- la mise en place de procédures d’atterrissage moins bruyantes (approches en descente continue) «Une approche de précision et une sécurité béton », selon les pilotes de ligne.
Il serait d'ailleurs possible de remplacer la piste actuelle nord-sud par une piste est-ouest qui éviterait le survol de zones très urbanisées.
Économiquement, le projet est avantageux, le cabinet hollandais CE Deft l’a chiffré; techniquement, il paraît réalisable, il avait d’ailleurs été envisagé dans les années quatre-vingt, puis rejeté pour la raison qu’on aurait bientôt Notre-Dame-des-Landes. Ce nouveau tracé proposé par l'association Solidarités Ecologie est compatible avec les PLU actuels et n'a fait l'objet d'aucune opposition sérieuse de la part des élus et techniciens à qui il a été présenté.
En fait, aucune étude sérieuse des alternatives possibles n'a eu lieu. Les élus et les administratifs poursuivent le projet de construction d'un nouvel aéroport, avec deux pistes, très largement surdimensionné, l'équivalent d'un demi Roissy Charles-de-Gaulle.
L'argument des nuisances du survol est d'autant plus irrecevable que, très vraisemblablement, la piste actuelle de Nantes-Atlantique ne serait pas détruite et continuerait d'être utilisée par le Société Airbus, spécialisée dans la fabrication d'avions. Lisons plutôt, à ce sujet, le numéro d'Ouest France du 5 septembre 2012 : " Au transfert de l’aéroport Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes, normalement vers 2017, quid de la piste actuelle aux portes de Nantes, sur la zone de Chateau-Bougon à Bouguenais ? La maintenir ou non pour le service d’entreprises ? L’usine Airbus, toute proche, grande utilisatrice de l’équipement pour livrer ses pièces à bord de son avion transporteur Béluga a toujours plaidé pour son maintien. Mais avec quel financement ? L’industriel doit-il supporter le coût tout seul ? Les collectivités locales peuvent-elles aider à ce maintien ? Un groupe de travail planche depuis des mois sur toutes les éventualités. Le groupe de travail a tranché. Selon nos informations, cet été, ce groupe de travail, qui rassemble Airbus, la Région, Nantes-Métropole et la Carene, ne travaille plus que sur une seule hypothèse : le maintien de la piste."
 Coût exorbitant du projet :
Le CéDpa (Collectif de 1000 élu-e-s qui doutent de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) demande au Premier Ministre l’abrogation de la déclaration d’utilité publique du projet. En effet, le collectif a maintenant la preuve que les analyses économiques qui ont justifié le projet d’aéroport n’étaient pas sérieuses.
Un cabinet d’expertise indépendant hollandais vient, sur sa demande, de vérifier l’analyse économique initiale ("Examen de l'analyse globale Coûts/Bénéfices de l'aéroport du Grand Ouest; Comparaison avec des améliorations sur Nantes Atlantique", Rapport CE Delft, octobre 2011, Auteurs : Linda Brinke et Jasper Faber).
Ses conclusions sont claires : les coûts de ce projet pour la société dépassent les bénéfices. Si l'étude officielle pariait sur un gain de 500 millions d'euros pour la collectivité, le cabinet Delft, lui, calcule qu'il y aurait un déficit compris entre 100 et 500 millions d'euros.
Optimiser Nantes Atlantique représenterait, par contre, un gain global. Certes, l’analyse initiale a globalement suivi les méthodes recommandées pour ce genre de projet, mais elle est truffée d’irrégularités : des coûts oubliés (la gestion de l’eau, la perte de terres agricoles, par exemple), des bénéfices ajoutés à tort, aucune analyse de risque, aucune étude alternative… En outre, les hypothèses sont très optimistes (baril de pétrole à 60 dollars par exemple)… Et tout cela ne suffisant apparemment pas à donner un avantage décisif au projet, un « bidonnage » a permis de largement surestimer les bénéfices du projet : par exemple, la valeur attribuée à une heure de temps économisé grâce au nouvel aéroport a été fixée à 98 euros au lieu des 20 habituellement retenus ! À noter que tous les points soulevés par CE Delftsont sans réponse à ce jour...
Il n'y a pas de problème de saturation
Selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), la piste n'est utilisée qu'au tiers de sa capacité.
On attendait 9 millions de passagers en 1985... on en est toujours qu'à 2 millions 300 000...
Faut-il miser sur une augmentation massive des passagers alors que, dans toutes les compagnies, le prix du billet augmente en même temps que celui du pétrole ?
L'équipement proposé apparaît, au contraire comme surdimensionné, compte tenu de la faible demande en transport aérien dans l’Ouest et du nombre d’aéroports proches de Nantes (Saint-Nazaire, Rennes, Angers).
Les opposants au projet d’aéroport proposent tout de même :
- le transfert du trafic vers Paris et Lyon sur le TGV qui supprimerait 30% des mouvements.
- la mise en place d’une interconnexion des aéroports de l’Ouest pour partager le trafic.

 « Accélérateur de croissance… Ambition européenne… Développement économique … » voilà ce qu’on entend… peut-on lire sur le site de l'ACIPA. Au-delà de tous les précédents arguments, ce sont bel et bien deux mondes qui s'affrontent et la lutte est évidemment politique. D'un côté, la logique d'argent, la volonté de croissance jusqu'à plus soif des gouvernements, le déni - si monumental qu'il serait comique s'il n'avait pas des conséquences dramatiques - des limites incontournables qu'impose notre planète à ces délires, de l'autre des gens qui vivent aux antipodes de ces valeurs. " Aujourd’hui, tous les voyants sont au rouge en ce qui concerne l’état de notre planète. Pour nous, ce projet s’inscrit dans une logique dépassée : toujours plus loin, plus vite, plus grand, plus gros… " disent les opposants.
Quant aux personnes qui se sont installées dans "la ZAD" depuis 2009, elles ont su créer des liens d'amitié et de solidarité avec les habitants de longue date des villages. Elles ont aussi mis en place d'autres façons de vivre, à travers des jardins collectifs, des biblio-bus, des infos-kiosques, des ateliers "pain", "vélo", "mécanique", d'autres où l'on partage tout simplement ses savoirs, toutes choses ouvertes à tous et pas seulement aux habitants de la ZAD. Cette "recherche autonomisante", comme en parle une habitante de la ZAD, ne peut que déplaire au gouvernement.
Est-ce pour cela que les forces de l'ordre ont, au cours du mois d'octobre dernier, lors de leurs violentes expulsions, tout systématiquement saccagé et réduit à néant, roulant délibérément sur les potagers collectifs, les tuant à coup de centaines de grenades lacrymogènes par jardin ? Haine de ce mode de vie ? Ou haine de la Nature ? Les deux, bien sûrement.
Bref, au regard de tous les arguments de détail qui, à eux seuls, rendraient ce projet nul et non avenu, construire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes est une aberration et un scandale. Nous sommes au coeur d'une crise écologique très grave, sans précédent. Il n'est plus temps de construire des aéroports ! Ils veulent construire un aéroport alors qu'il faudrait arrêter de prendre l'avion !