dimanche 25 mars 2012

Troisième marche pour une terre sans pesticides, retour à la Torche

 Ce 25 mars 2012, combien étions-nous ? 400 ? 500 ? Peu importe, l’essentiel est que nous étions là pour exprimer notre désir de voir une terre enfin libérée des pesticides. 

Reportages sur TV Bigouden : - Affrontements aux portes d'un bulbiculteur  http://www.bigouden.tv/accueil.php?cx=allvideo&idvideo=637http://www.bigouden.tv - Témoignages http://www.bigouden.tv/accueil.php?cx=detactu&detail=big&idact=1791

 Certains avec leur colère, d’autres avec leur indignation, d’autres enfin simplement pour montrer leur désaccord. Pour la troisième année consécutive, une foule colorée et bruyante de tous âges et de toutes professions s’était retrouvée pour une marche pacifique et familiale. Sur les pancartes on pouvait lire des phrases telles que « Les pesticides, vous MSA », « Les pesticides, ce sont nos clients qui en parlent le mieux » sur fond de cimetière, « Où Roundup passe, la vie trépasse ». Sur un landau, un écriteau : « Et mon avenir, bordel » et bien sûr « Pour une terre sans pesticides ». La troupe Batoucadouarn ajoutait un aspect festif à cette journée.
Or, cette marche ne plaisait pas à tout le monde et, sous prétexte qu’elle passait devant les établissements Kaandorp, grand pourvoyeur de pesticides, la FNSEA avait menacé d’agresser la marche. Le 21 mars la maire de Plomeur déclarait sur Tébéo, à propos de la marche « Je souhaite que tout le monde puisse circuler sur la chaussée ». N’osant imaginer qu’elle puisse avoir un double langage, on peut se demander quelles pressions elle a pu subir pour s’accorder avec la préfecture et la FNSEA et menacer d’interdire la marche si celle-ci maintenait le même trajet qu’en 2010. Remarquons que Tébéo ne s’est pas donné la peine de contacter les organisateurs de la marche… ne serait-ce que par curiosité.
La décision de changer d’itinéraire ayant été imposée au derniermoment, un texte d’information fut distribué au début de lamarche (voir plus bas) Les réactions et débats allaient bon train: allait-on céder au diktat de la FNSEA ? Avait-on les moyens d’imposer le parcours initial ? Que faire en cas d'affrontement ?
Partagés entre colère et sensation de s’être fait piégés, nous prîmes le chemin imposé en rase campagne, la gendarmerie omniprésente ne nous laissant guère le choix.
Arrivés en vue des établissements Kaandorp, bien protégés par la gendarmerie, un cri est lancé « Pesticides, ras-le-bol ! ». Après une seconde d’hésitation, il est repris en chœur, d’autres fusent « À bas les pesticides ! », « Fête des fleurs, fête des pollueurs ». La colère retenue jusqu’ici peut enfin s’exprimer contre ceux qui veulent imposer la loi mortifère d'une minorité.
Certains s’enhardissent et tentent de forcer le cordon de police au rythme des tambours, tandis que d’autres hésitent: les écologistes sont des gentils, c’est bien connu… et puis, il y a des enfants. Sous la pression, les flics reculent, puis se ressaisissent, le rythme des tambours s’accélère. Nous restons là à stigmatiser les empoisonneurs, la FNSEA et l’industrie des pesticides, devant des policiers qui, en bons soldats, obéissent aux ordres, toujours et quels qu’ils soient. Un jour peut-être, si un de leurs proches est victime d’un cancer dû aux pesticides, se souviendront-ils, que ce jour-là ils auront un peu participé à leur malheur… peut-être.
Après un quart d'heure de ce face à face mouvementé, nous décidons d’observer une minute de silence, assis, en hommage aux victimes humaines, animales et végétales, des pesticides et pour marquer notre solidarité avec les Plomeurois qui subissent cet empoisonnement quotidien.
Puis, c’est aux cris de « La FNSEA ne fera pas la loi » que nous repartons vers la chapelle de Tronoen.
Quoique l’on pense de cette marche, elle a montré qu'une fois de plus, la FNSEA tente d'utiliser l'intimidation et la violence contre tous ceux qui osent s’en prendre à l’agriculture industrielle. Cette attitude n'est qu'une tentative lamentable de masquer l'échec de la politique d’une organisation qui a mené l’agriculture au désastre humain et écologique que l’on connaît: ruines et suicides des agriculteurs, élevages devenus des univers concentrationnaires dans lesquels des animaux, considérés comme des objets, souffrent de conditions effroyables, destruction de l’eau, de l’air et de la terre à coup d’engrais, de pesticides et d’antibiotiques. Cette agriculture qui écrase les petits et subventionne les puissants à coup d’argent public. Et comment pourrait-il en être autrement venant d’une organisation dont le dirigeant est un milliardaire (sa société Sofiproteol annonce un chiffre d’affaire de 5,5 milliards en 2009, http://www.sofiproteol.com) à la tête d'une entreprise plus proche de l'industrie et de la banque que de l'agriculture ?
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 * Trajet de la marche modifié à la demande de la Préfecture, sous la pression des bulbiculteurs
Les organisateurs de la marche à la Torche avaient pourtant bien précisé qu'il s'agissait d'une marche pacifique. Voir l'interview accordée une semaine avant la marche sur TV Bigouden : http://www.bigouden.tv/Actualites-1785-Plomeur_Une_marche_pour_une_terre_sans_pesticides.html
Pourtant, sous l'influence de certains agriculteurs, la Préfecture demande le changement du trajet de la marche pour une terre sans pesticides

Deux jours avant la Marche, convocation des associations par la Préfecture qui impose un autre trajet : 
 en orange le trajet initialement prévu par Alerte à l'Ouest, passant devant les champs de tulipes
en vert, le trajet proposé par la Préfecture, le long de la plage (refusé par Alerte à l'Ouest)
en bleu, l'itinéraire "de conciliation" après réunion à la mairie de Plomeur vendredi !
- en noir, le lieu d'une éventuelle "contre-manifestation" des producteurs utilisateurs de pesticides, en cas de refus du "trajet de conciliation"

EXPLICATIONS
Notre manifestation dérange !
Elle gêne certains agriculteurs et nous sommes, paraît-il, responsables du fait qu’ils soient « à bout ». Ces agriculteurs ont donc menacé - comme c’est maintenant leur habitude - de faire une contre-manifestation.
- La préfecture a-t-elle voulu éviter une rencontre potentiellement violente ?
- ou a-t-elle cédé à un groupe de pression dont elle partage les opinions ?
(rayez la mention qui vous semble inutile)
Toujours est-il qu’elle nous force à modifier le trajet de notre marche.

MARCHE INTERDITE ou TRAJET MODIFIÉ, il fallait choisir.
Nous ne passerons donc pas devant les Établissements Kaandorp, dont nombre d’associations et de riverains dénoncent les méfaits impunis depuis des années.
Ainsi donc, non contents d’empoisonner leur voisinage et de s’être approprié les terres, les dunes et les ruisseaux, les pesticideurs entendent confisquer la voie publique. Ce coup de force ne change rien aux faits : les pesticides tuent et détruisent le monde, les cas de cancers explosent, notamment chez les enfants, la maladie de Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs depuis octobre 2009 et Paul François, céréalier, a gagné, le 13 février 2012, son procès contre Monsanto, jugé responsable de ses troubles neurologiques.
Et nous aussi, nous gagnerons ! Continuons de nous battre pour une terre sans pesticides !